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" Change is Good ;) "
Nouveau continent, Nouvelle langue, Paysages extraordinaires, Rencontres, Ouverture...
Prêts à tisser des liens uniques entre nous, à s'accorder le respect et l'attention dont chacun a besoin et à vivre ensemble une belle tranche de vie...
Ah, oui, un tour à vélo ? où ça ? longtemps ?
L'Amérique du Sud pour commencer, et surtout la Patagonie, après... on verra.
Non pas très long, quelques mois, disons ... une année !
Mais, et l'école ?
L'école, c'est la vie... mais encore ?
Une petite demande pour retirer les enfants de l'école, aussi simple que pour un après-midi et les enfants en sont libérés.
Pour le reste, on est un peu hors formulaire, hors cadre comme qui dirait.
Heureusement les maîtresses sont sympas, elles nous ont montré le programme officiel, et, sachant les exigences, on va enseigner nous-mêmes, au gré de la route, en s'inspirant du programme et de la situation locale.
Merci aussi à la communauté Linux et particulièrement à la distrib. française Abuledu qui, sur une petite clef USB contient un OS complet avec beaucoup de programmes éducatifs, calqué sur le système d'enseignement français.
Mais, et le travail ?
Silvia a obtenu un congé sabbatique pour son travail d'enseignante de DAO, et, quant à moi, j'ai quitté mon job tout en gardant d'excellents contacts. L'avenir nous dira si ce choix était judicieux...
Mais, et en cas de pépins ?
Le mieux sera de les éviter en ouvrant l'oeil, en se fiant à notre instinct et en gardant une marge de sécurité aussi grande que possible. En cas de pépins quand même, un téléphone satellite, de bonnes assurances accidents et rapatriement, et... advienne que pourra.
Mais, combien ça va coûter ?
Bonne question... franchement, à part le matériel de base à acquérir et les billets d'avion, ça devrait rester raisonnable, ... probablement moins cher qu'une petite voiture... on vous tiendra au courant.
Et pourquoi là bas ?
Parce que déjà la Patagonie, c'est mythique et ça doit être fabuleux, grands espaces magiques, nature intacte, routes peu encombrées, culture différente de la nôtre, langue superbe, etc...
Peu de microbes (il fait trop froid), peu peuplé (donc peu de problèmes potentiels), et aussi parce que nous avions déjà bien bourlingué dans d'autres parties du monde.
Et ...pour apprendre le Tango ;)
"Tests de dernières minutes."
Notre bonne vieille tente North Face a 15 ans et nous doutons un peu qu'elle résiste au vents démoniaques de la Patagonie
Nous avons trouvé sa remplaçante, une splendide Hilleberg, du matos suédois de première classe, mais comme nous n'avons que peu campé avec cette dernière,
un dernier test s'impose. Cela nous permettra également de tester les nouveaux sacs de couchage.
La nuit a été excellente, petit -8 degrés idéal pour le test et des sacs couchage fantastiques. Moins de 700gr. pour certain sacs et pas froid, un gonflant extraordinare qui fait plaisir à voir !
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"Se rendre à bon port"
Nous voilà rendus à l'aéroport de Genève grâce à la précieuse aide de mes parents, nos 4 vélos et tous l'attirail.
Les deux vélos des enfants dans des cartons, les nôtres dans de simples housses plastiques... Le verdict tombe au Check-in et nous voilà à repacter les vélos au dernier moments.
Je vous passe les détails, mais imaginez la chose 4 vélos dans des cartons énormes, une bonne dizaine de sacoches et deux cocos tout excités... C'est pas triste...
Bref, on finit par s'envoler et le lendemain matin, nous voilà à Buenos Aires avec notre tas de cartons et nos sacoches...L'aéroport de Bariloche est fermé car un volcan en éruption tient les avions à distance, la seule option restante est donc le bus.
L'opération transfert à Downntown Buenos Aires (nous louons un minibus-taxi) fonctionne assez bien, et aussi sec, 3 heures plus tard tout au plus on se retrouve dans un bus direction Bariloche
On a pris le rythme du voyage... on mange quand c'est possible, on dort quand on peut et voilà...
après environ 50 heures de voyage non stop. On y est !
San Carlo de Bariloche... on remonte les vélos.
Les premiers tours de roues sous un soleil de plomb, dans les senteurs locales, le vent qui fouette le visage, un vrai parfum de liberté...
Sitôt arrivés, on file se baigner au lac
Bariloche - Llao-Llao 30km, route asphaltée ondulante le long du Lac, pas mal de circulation.
Une route superbe, qui rappelle fortement la côte de Big Sur, CA.
J'attache Laura avec le follow me et notre petite tribu se met en route.
Ca monte, ça descend... il fait une tiaffe d'enfer (30+ degrés) et on bouffe pas mal de poussière.
Bus, camions et gros pickup nous en servent une bonne dose gratis.
On s'arrête au dernier supermercado en chemin pour faire le plein de provisions en vue de la traversée des Andes, qui va nous
ammener dans des terres peu peuplées.
A Llao-Lao, nous repérons un coin tranquile en bordure de plage et passons la nuit à la belle étoile... sauf que vers
les 21h00 il n'y pas une étoile à l'horizon, mais de gros nuages sombres qui défilent bien vite, poussés par de puissants vents.
Ce n'est pas un endroit où monter la tente, alors on tend simplement la tarpe et on s'apprête à passer la nuit.
Vents violents, et quelques gouttes au final.
On a relativement bien dormi malgré tout.
Llao-Lla - Puerto Frias
Sitôt réveillés on embarque sur le petit bateau qui nous mène au bout du lac, là ou la route ne pénètre pas
Les loulous pédalent tout seuls, temps humide et brumeux, piste boueuse.
Après 3-4 km on réalise que le vélo de Laura a perdu une pièce cruciale qui permet son attache au follow me... Zut.
Je reviens sur nos pas à la recherche de la dite pièce, les chauffeurs de bus se donnent le mot et finalement un des gars
la retrouve par miracle!
Pendant ce temps, Silvia et les loulous ont mis une bâche pour attendre, vu qu'on a raté le bateau du matin, il va faloir attendre celui du soir... il pleut.
On fini par pouvoir prendre notre deuxième bateau, qui nous amène en une demi-heure à la frontière Argentine. Il est trop tard pour traverser
Parc National de Nahuel Whapi, alors, on campe devant le poste avancé de la douane Argentine.
Puerto Frias - Peulla, 30km de piste, 450m de déniv.
Temps maussade, mi-pluie, mi-bruine, avec parfois quelques rayons de soleil.
On plie mouillé.
Une montée pas piquée des hannetons, par une piste défoncée et boueuse nous emmène au col à 1050m et nous pénétrons à proprement parlé au Chili par le Parc National Vincente Peres Rosales.
S'ensuit une descente de 800m et 25km. La piste est molle, ça n'avance pas vite, mais c'est merveilleux.
Ici, c'est luxuriant, vertigineux, ça me rapelle le Fjordland de Nouvelle Zélande.
On arrive enfin à Peulla, vers les 17h00, passons le checkpoint chillien.
Seul notre miel fait les frais du contrôle sanitaire...
Les douaniers sont très aimables et bienveillants, il nous donnent de l'eau... pas besoin de filter ce soir.
Campement devant l'office du Conaf, le service du Parc...
Peulla-Petrohuhe
Une belle journée ensoleillée nous attend, ... Bateau, campement infesté de moustique... mais sympa. Entre les poules, chiens, chats et autres poussins.
Petrohué-Ensenada.
La piste se laisse avaler tranquille, nous dévorons rapidement les kilomètres nous séparant de Ensenada, avec au passage une petite visite aux magnifiques chutes que nous offre la rivière.
Ensenada-Puerto Varas
52km, vallonnés que les loulous avalent en moins de 4 heures. Bravo les cocos !
Nous voici rendus à Puerto Varas, à l'hostel Margouya, super sympa et bien content de prendre notre première douche (chaude).
On va prendre l'apéro avec Bernard, un cycliste de St.Imier que l'on vient de rencontrer. Small world !
Puerto Varas - Puerto Montt (posté le 15.12.2011)
Petite mais longue journée... Nous quittons Puerto Varas et après 3km de montée, nous nous rendons compte que la route envisagée est en fait une autoroute
... Nous redescendons au centre et envisageons un autre chemin...
Il fait chaud et humide. La banlieue de Puerto Montt (200'000 habitants) est assez vaste. Le trafic est dense, et on est bien content d'arriver à bon port.
Puerto Montt, c'est vraiment urbain, triste et sale.
Heureusement, demain si tout va bien, nous embarquons sur un ferry pour Puerto Natales, direction La Patagonie du Sud.
A bord de l'Evangelistas" (posté le 20.12.2011)
La descente à travers les fjords Patagons est splendide.
Plus on descend au Sud et plus cela ressemble au Fjordland de Nouvelle Zélande.
Que des espaces vierges, humides, froids et venteux, de toute beauté.
Cascades, végétation basse, granite à nu, lichens et mousses...
Au deuxième jour, nous apercevons une vingtaine de baleines, puis nous passons en mer ouverte dans le Pacifique Sud par 46 degrés sud.
Les 40ème Rugissants, les 50ème Hurlants, c'est ici. Whaoou !
Le vent est omniprésent. Creux de 4 mètres, le ferry se prend pour un yoyo... rien de bien méchant, mais ça brasse quand même pas mal pour des marins d'eau douce.
Juste de quoi nous faire passer l'envie de prendre le repas du soir.
En revanche, l'avantage de la mer ouverte, c'est le spectacle des pétrels qui surfent le vent au ras des vagues et au flanc du bâteau. Jamais je ne m'en lasserai !
Le lendemain, après un arrêt d'une bonne heure à Puerto Eden, une petite communauté d'une centaine d'âmes coupée du monde,
nous passons au pied du Pio XI, un splendide glacier qui avance. A faire pâlir d'envie nos petits glaciers européens. C'est la démesure totale.
Et maintenant ? Lundi 19.12.2011, 18h00... Nous sommes à l'ancre à Puerto Natales depuis près de 6h00, le ferry ne peux accoster au port car le vent est trop fort.
40 noeuds environ... Donc on attend.
Ce soir si le temps le permet on a promis aux enfants de les transformer en cerf-volant.
D'ailleurs je vous laisse il est l'heure de ma bière sur le pont :) et je commence à m'égarer. A+
Mardi 20.12.2011: On a fini par débarquer hier en soirée. Puerto Natales, un sympa petit bled ou l'on va passer quelques jours, voir ce
que la météo nous concocte avant d'embrayer pour Punta Arenas. On campe et prend du bon temps.
Puerto Natales - Punta Arenas (posté le 25.12.2011)
Allons y... La route est longue, le vent est fort, je n'irais pas jusqu'a dire que nous l'avons dans le dos,
mais disons qu'il est plutot favorable. Un bon travers arrière. Chouette, profitons en !
Les enfants pédalent à merveille. J'avais un peu peur de leur réactions face aux infinies lignes droites de la route, mais
elles ne semblent pas les intimider. La journée est aux records, 70km et 55km/h en vitesse max...
A chaque descente Laura veux battre le record et il faut pédaler, encore... même quand ça descend !
Joey fait son chemin, parfois loin devant. Lui aussi à battu son record. 49km/h !
Tout en roulant, on fait des jeux, on passe en revue tous les mots du dictionnaire, on s'arrête pour regarder
les énormes bourdons qui butinent les énormes lupins qui bordent la route.
Vers 17h, nous demandons à camper auprès d'un petit hôtel au bord du Rio Rubens. Il est temps de monter le camp.
Le lendemain, le vent à forci. Ca devient sérieux.
On à déjà roulé 45km quand 3 filles en camionnette proposent
de nous charger.
Les raffales de vent (70-80 km/h à l'anémomètre), maintenant pleinement transversales nous font accepter l'offre
assez rapidement.
Voyage couchés recroquvillés avec les vélos sur le pont du camion alors que les loulous sont maternés dans la cabine
bien chaude.
C'est la gueule tout enfarinée de sable et congelés qu'on s'extirpe aux environs de Punta Arenas 1h plus tard.
Ce soir, c'est Noël et on se tape un bon assado au camp, préparé par Edouardo.
Punta Arenas (posté le 28.12.2011)
Punta Arenas, une chouette ville avec une bonne ambiance. Peu touristique, mais néanmoins accueillante.
C'est le bout du monde, ou presque...
On en profite pour visiter l'île Magdalena, une petite île sur laquelle des milliers de pingouins viennent élever leurs bébés.
Il y a des pingouins partout, ils sont a moins d'un mètre de nous et parfois ils s'approchent si près que l'on pourrait les touch.
On a du mal à quitter Punta Arenas, surtout que depuis cette nuit le vent souffle en raffales, pointes à 120km/h.
On a l'impression que notre tente va soit s'envoler, soit exploser...
Mais non... ça plie, ca gonfle, ça s'applatit dans un tonner de brest, mais ça tient bon !
Tierra del Fuego (posté le 5.01.2012)
Punta Arenas, Porvenir, San Sebastian - Rio Grande, Tholhuin.
Nous quittons Punta Arenas pour Porvenir en ferry. 2h30 plus tard nous voilà en Terre de Feu.
La Terre de Feu, tient ses promesses.
La piste est superbe, sauvage, ventée, avec de superbes lumières. La mer éclatante.
Ici, plus rien, si ce n'est quelques estancias dispersées jusqu'à Rio Grande, 300km plus loin.
Le vent souffle de plus belle, à la fois ami et ennemi, les panneaux "virage à gauche" ou "virage à droite" scellent
notre destin pour les heures suivantes...
Au soir du 30, nous campons en bord de mer dans le plus bel endroit du monde après 60km de piste.
Ca ne se voit pas sur la photo, mais il y a 80km/h de vent à l'anémomètre...
Les enfants vont aux coquillages, ici les escargots de mer sont énormes et il n'y a personne pour les ramasser.
A l'abri d'une vieille barque, les loulous montent leur magasin de coquillages.
31 décembre, nous avons bien roulé, trop peut-être, les derniers 17km vent travers-face nous achèvent.
Nous demandons à planter la tente
auprès d'une estancia. Nos hotes nous offrent café et petits pains maison, mayonnaise et confiture.
Bien sympa les deux frères :)
1 Janvier 2012. Nous n'avons aucunement la gueule de bois, c'est l'avantage de réveilloner aux spaghettis + eau et lait chaud !
Nous commençons l'année en beauté, il est 11am, nous sommes au milieu d'une petite colonie de Pingouins Roi.
Les plus beaux pingouins du monde avec leurs cousins les empereurs.
Ils sont grands comme les enfants, et chose très rare, ceux-ci ont opté pour le continent alors qu'on les trouve
habituellement en antarctique et sur quelques îles sub-antarctiques seulement.
Les jours passent, nous sommes maintenant à Tolhuin à 100km d'Ushuaia.
Jour de repos, mise à jour des carnets de bord, devoirs ... après une semaine de vélo exigeante avec des journées
entre 60km et 100km.
Nous sommes à la Panaderia "La Union", un endroit un peu spécial ou les improbables cyclistes se retrouvent immanquablement.
Son propriétaire, un ami des cyclistes, nous offre gratuitement le gite, à manger et à boire, c'est vraiment unique !
Ushuaia... (posté le 12.01.2012)
Nous voici arrivés depuis quelques jours à Ushuaia.
Bien repus de pâtisseries, on est reparti sur nos 8 roues de Tolhuin pour de belles journées de route.
On divise l'étape de 104 km en 3 jours tranquilles.
Le vent a faibli, ou alors c'est les montagnes qui le cassent, peu importe, l'essentiel est que ça roule bien !
La route ondule, tourne, un vrai plaisir. Le paysage change, ça devient bien montagneux, on retrouve la cordilière des andes.
Petit bivouac dans un coin super sympa, surplombant le lac Fagano. Le lendemain, au petit matin,
on se fait réveiller par un couple de pics de Magellan, une des plus grandes espèces de pics au monde. Ils sont superbes.
On franchit le col Garibaldi avec plaisir avant d'absorber une bonne dose de descente et de se poser au bord d'une petite rivière,
pour notre avant dernière nuit avant Ushuaia.
Le lendemain, on se laisse porter et devons presque nous faire violence pour s'arrêter et camper
à une petite dizaine de km de "El fin del mundo"... Il faut faire durer le plaisir ;)
Et le 8 janvier, ça y est, nous y sommes. Après déjà plus de 800km à vélo, on franchi les portes de la fin du monde. Ushuaia.
Le canal de Beagle est là, devant nous. Ushuaia. le mythe !
Repos des troupes au camping, découvertes des lieux, et... célébration de notre Joey qui fête ses 9 ans aujourd'hui !
Ce soir, direction le bistrot pour une bonne petite bouffe.
La vie "à bord"... (posté le 22.01.2012)
Ca fait maintenant un peu plus d'un mois que nous sommes partis.
Un bon gros changement pour tous.
Passer de notre petite Suisse tranquille, au grands espaces Patagons, à la vie à 4 en quasi permanence, dormir tous
ensemble sur 2m de de large, vivre dehors en permanence qu'il fasse beau ou mauvais, c'est un beau challenge mais
qui ne va pas toujours de soi.
Les enfants... c'est fou ce que c'est remuant les enfants ;). Tout le monde en a conscience, mais pour l'intégrer
vraiment, rien ne vaut l'isolation, la vie en petite communauté.
Joey et Laura sont alternativement les meilleurs copains du monde et les pires ennemis.
Ils nous enchantent ou nous brisent les nouilles... C'est selon.
La période des devoirs, que nous essayons de faire régulièrement mais pas chaque jour, est toujours un grand moment...
disons, qu'une fois que c'est en marche ça va, mais c'est la mise en route qui est encore un peu pénible.
Bien sûr, après une bonne journée de vélo ça passe souvent à l'as, mais il faut dire que le vélo est aussi l'occasion de
faire des jeux éducatifs. On passe en revue tous les mots qui nous viennent à l'esprit commençant pas la lettre X... puis
il faut les épeler et dire ce que ça veux dire, ou alors on fait du calcul mental. Des fois le vent nous empêche de jouer,
car on ne s'entend pas d'un vélo à l'autre, même en roulant roues dans roues.
Bref, c'est encore un peu une période d'ajustement, on règle les petits détails, on s'accoutume les uns aux autres, on fait des compromis
entre les pics d'adrénaline ;).
Une chose d'entre toute est sûre... ça forme le caractère. Ces paysages, ces instants de liberté, de fatigue, de joie, de coups de gueules, de beauté
laisseront leur trace indélebile...
Parc National Terra del Fuego... (posté le 22.01.2012)
Nous revoici à Ushuaia, après une semaine dans le Parc National de la Terre de Feu, là ou la route s'arrête.
C'est l'occasion de varier un peu les plaisirs, et pour changer, nous allons faire un peu de rando.
Nous campons au bord d'un méandre de rivière qui donne envie de pêcher, passons de belles journées à observer et savourer.
L'ascension du Cerro Guanaco, nous offre une vue exceptionnelle sur le canal Beagle, entre deux assauts de nuages.
La Terre de Feu est à nos pieds.
C'est aussi l'occasion de voir un castor et un phoque, heureux comme un poisson dans l'eau et bien sur,
une belle panoplie d'oiseaux. Caracaras, Upland Gooses, Patagonian Sierra Finch, Grand Grèbes et autres
Cormorans Royaux ou Cygnes à cou noir.
La nature est superbe, dommage que la pression touristique y soit si forte et la gestion du parc, disons... étrange
Après avoir passé 5 jours dans le parc, retour sur Ushuaia. On file au port de plaisance en vue de faire un peu de bateau-stop sur un voilier,
pour aller à Puerto Williams, sur l'île Navarino au sud d'Ushuaia. Une île qui sent bon l'aventure...
Ce faisant on rencontre Sébastien Roubinet intrigué par notre attelage
et Yvan Bourgnon.
Les deux cocos viennent d'achever une belle aventure, la chose est toute fraiche et les combis étanches sèchent encore au vent.
Ils viennent de clore la boucle Canal de Beagle, Pacifique, Cape Horn, Canal Beagle sur un petit Catamaran ultra léger de 6m.
60 heures de lutte aux limites... Impressionnant !
On en profite pour faire un brin de causette au centre Nautique.
Même si aujourd'hui, on n'a pas trouvé à embarquer, au moins on n'est pas venu pour rien...
C'est pas tous les jours qu'on rencontre des marins d'exception !
Ce soir, on engloutit un rack de côte d'agneau au gril avec un bon vin rouge, c'est ça les retours à la civilisation !
Trekking autour d'Ushuaia (posté le 30.01.2012)
A défaut de brebis farcis (haggis), nous entamons la rando du col de la brebis... El Paso de la Oveja. hors des sentiers battus.
3 jours de marche dans le massif du Mont Martial.
Après nous être fait déposé à une dizaine de kilomètres de Ushuaia, nous nous retrouvons au fond d'une vallée
maraicageuse puis suivons une rivière qu'il nous faut traverser à gué.
Moment de joie pour certains et de déséspoir pour d'autres. L'eau descend directement des glaciers alentour et
n'a guère eu le temps de se réchauffer.
Suite à quoi, on se retrouve dans une "belle" forêt du type
"Seigneur des Anneaux". Marais, mousse et bois mort d'une densité phénoménale... Navigation à vue avec quelques
points GPS quand cela est possible...
Puis montée au Lago Caminante, où nous établissons le camp. Tout simplement Superbe!
Le lendemain, nous poussons jusqu'au Lago Superior et visitons la vallée, avant de prendre le chemin du fameux col
de la Oveja, ou rien ne pousse, si ce n'est des "cailloux" de differentes grandeurs.
Nous installons notre tente sitôt arrivés à la limite des premiers arbres bas, au bon moment car un orage de grêle
s'abat sur nous.
Les enfants sucent les glaçons à la paille (avec les arceaux de secours de la tente)...
La randonnée se termine par une forêt dévastée par une tempête qui nous prend un temps infini. Gymkhana & Labyrinthe...
D'après Silvia et Laura, nous venons d'enjamber plus de 150 arbres...
Nous voilà de retour à Ushuaia. :)
De retour à Puerto Natales (posté le 01.02.2012)
Afin de remonter à Puerto Natales (d'où nous sommes partis à vélo) nous avons pris le bus... Ah les joies du bus.
Désosser les 4 vélos, les mettre dans des cartons, lutter pour les faire entrer dans le bus... enfin, bref, nous y sommes...
15 heures de bus, à retracer la route en sens inverse.
Alors que cheminer à vélo m'avait semblé être quelque chose de relativement raisonnable, vu depuis le bus,
bien assis, bien au chaud, l'immensité, l'austérité des lieux, la route, infinie ruban microscopique, la difficulté
des croisements entre véhicules, la poussière, vraiment... ça m'a fait prendre conscience réellement de
l'énormité de la chose. Un peu fou tout de même.
J'en fait la remarque à Joey qui me répond... "Ben oui on l'a fait à vélo et alors, avec un peu de temps, c'est normal, il y a rien d'extraordinaire".
Bon, bon... N'empêche que moi je trouve quand même incroyable. 4 petites jambes de quelques années qui se tapent 1000km de piste ici, en Patagonie... c'est Fou !
55°06.507 Sud, 67°35.459 Ouest... (posté le 12.02.2012)
Alors que les filles prennent des cours d'espagnol à Puerto Natales, nous retournons au Sud d'Ushuaia, sur l'île Navarino
plus précisément afin de mettre un point d'orgue à l'épisode "Sud".
Après s'être fait déposer par un petit Twin Otter à Puerto Williams, et avoir enregistré notre itinéraire auprès des
carabinieros, nous partons, les sacs lourdement chargés de nourriture pour une belle petite aventure, destination
le "Lago Windhond".
Puerto Wiliams-Laguna del Salto-Paso del Dientes-Mount Betinelli-Lago Windhond-Paso Alinghi-Puerto Williams.
6 jours de trekking dans une région reculée et sauvage.
Nous n'y rencontrerons personne si ce n'est le premier jour
une équipe de topographe et un champion du monde de 77 ans qui fait lui, le tour des Dientes de Navarino.
Le hasard réunit ainsi le plus agé et le plus jeune trekker (Joey...es mas pequiño selon les carabinieros) à avoir effectué ces deux
itinéraires... et en plus ils se rencontrent en chemin !
Le premier jour et demi, notre itinéraire est commun avec le tour des "Dientes de Navarino", avant de nous enfoncer au coeur de l'île.
Au programme, vent (bien entendu), soleil (aussi), neige, grêle et pluie... belle combinaison explosive des éléments.
Au soir du deuxième jour, après 6 heures de marche, nous tentons de monter la tente près d'un petit lac de montagne,
mais le vent nous l'arrache dans une rafale plus forte que les autres. Tout va très vite, mais heureusement
quelques secondes plus tard, on la rattrape au vol une 50 aine de mètres plus loin au milieu du torrent. Ouf.
Ceci dit... l'endroit n'est pas propice au camping...
On remballe tout dans les rafales de neige et poussons
encore jusqu'au début du Lac Windhond, 3h de marche plus loin où nous savons y trouver un abri sommaire de planches (le refugio Charles) avec surtout
un petit poêle à bois et un coin relativement protégé pour camper.
La journée du lendemain est mise à profit pour explorer les rives, pêcher, observer les oiseaux. Joey apprend à se
servir correctement du GPS, de la boussole ainsi que du téléphone satellite.
La carte topo est relativement bonne, en revanche, le listing de points GPS fourni au dos, est d'une précision douteuse...
Plus de 800m "aux fraises" pour certains points. Comment diable est-ce possible ? On a le bon datum, et même si les coordonnées ont été
enregistrées il y a quelques années, avant la supression du brouillage SA, ceci n'explique point de telles différences.
Enfin bref... La navigation est un mélange de "à vue", carte, GPS, bon sens et instinct.
La nature est superbe et on y ressent à merveille l'isolement.
Tourbières en fond de vallées, forêt de "lenga" en bordure, puis "scrub" impénétrable en dessus avant de laisser place
aux mousses alpines et autres lichens. En dessus, c'est lunaire... déserts de pierres, neige et rocks
Nous passons deux jours au lac avant d'entammer la rentrée par une autre vallée.
Le retour nous prends deux jours, des parties mémorables de crapahute à travers les zones dévastées par les castors
(arbres morts dans tous les sens, lacs, secteurs inondés), etc...
"Mas Pequiño" m'épatte chaque jours d'avantage, il résiste à merveille aux longues marchex, porte son sac comme un grand et
a un sens de l'itinéraire assez exceptionel, lui qui parfois ne dépasse même pas des branchages...
Nous sommes bien content d'y être allé mais nous sommes aussi bien content de retrouver les filles et un bon lit bien chaud.
La Terre de Feu, c'est fait et bien fait, maintenant, on va pouvoir reprendre la route et remonter au Nord.
C'est certain, on n'a pas fini de faire de la marche, entre deux coups de pédales :)
Une belle chevauchée... (posté le 28.02.2012)
De Puerto Natales, nous reprenons la route avec 8 jours de nourriture dans les sacoches, direction le Parc National
de Torres del Paine via la "cueva del Milodon" (un charmant petit animal des cavernes malheureusement disparu).
A Rio Serrano, juste avant l'entrée du Parc, nous retrouvons Irène et Myriam, nos anges gardiennes qui nous
accueillent chaleureusement et nous offrent le gîte et les p'tits déjeuners.
A notre disposition un superbe bungalow, 3 chambres, lits doubles, salon et cuisine, au milieu des méandres
de la Serano river. Nous y restons deux jours, le temps d'explorer les environs et de pêcher un peu. Record battu...
une belle truite de 65cm. On a pas de balance mais la truite nous fait deux repas !
Suite à quoi, nous enchaînons les kilomètres à travers un parc aux paysages à moitié dévasté par un gigantesque
feu de forêt tout récent.
Nous rencontrons en chemin quelques autres cyclos-randonneurs dont Dimitry et son vélo rigolo...
Bien entendu, nous ne rattons pas une petite rando inévitable, celle qui mène au pieds des Torres.
Notre stock de nourriture diminuant à vue d'oeil, nous reprenons la route pour Cerro Castillo ou nous savons trouver
une petite épicerie que nous dévalisons à notre arrivée deux jours plus tard.
De là nous repassons en Argentine direction El Calafate 250km plus loin. Nous empruntons la ruta 40 en gise de
"raccourci", une splendide section de 90km de piste défoncé, faites de gros gallets qui roulent sous les pneux et
d'ammas de graviers de 20cm d'épais.
Route technique et épuisante, mais si belle ! Personne, si ce n'est quelques 4x4 et 3 cyclos.
Ce soir, étoiles et vent, mais très froid. Enfin avec pull, veste polaire, doudoune et coupe vent, ça va bien... On soupe parmis les touffes
jaunies dans ces immensitées en bord de piste.
Ici, notre seul vrai problème, c'est l'eau. Tous les rios sont à sec.
Heureusement nous croisons deux postes "avancés" de police et un centre de maintenance de la route ou nous remplissons les
dromadaires. Bref, on fait de l'eau quand on peu... ce qui nous fait parfois rouler avec 15-20 litres. He oui, à
quatre ça va vite !
El Calafate - El Chalten, (posté le 02.03.2012)
Nous quittons El Calafate, bien content de laisser derière nous ce fief touristique sans charme.
C'est étrange, le vent est quasiment tombé. Nous roulons allègrement 65km avant d'établir le camp en bordure de route.
Certain dirons, quel bel endroit ! ...
D'autre dirons... Mhhh vous dormez sous les ponts !?
Question de perception.
Pour nous, ça le fait bien pour ce soir, l'essentiel est juste de bien dormir. Trafic nul, personne à l'horizon, la nuit promet d'être profonde.
Le lendemain, le vent s'est relevé. Les prévisions météos étaient claires... Vent 5km/h Ouest, Soleil.
Verdicte : Soleil, certe, vent 50km/h Nord Ouest. On regrette un peu de ne pas avoir roulé plus longtemps hier soir, ceci dit
c'est une histoire à ne plus s'arrêter quand le vent tombe !
On absorbe lentement 15km, vent de face, dont 6 de montée. La moyenne tombe (nous pas encore heureusement).
Un gros pick up s'arrête et nous offre un lift, je décline gentillement l'offre mais apparemment,
de manière peu convaincante.
Joey qui à la vue du pick up qui s'est arrêté, à redoublé de vitesse pour me rejoindre arrive, puis Silvia. Bon bon, OK on monte :)
Sympa la route en pick up. On s'envoie 150km les doigts dans le nez avec notre guide dans un gros F150.
Peu avant El Chalten, on change de monde. Du désert, on passe à la montagne pluvieuse, le mauvais temps, pluie,
nuages et vent s'accrochent aux montagnes, 10km à l'ouest, c'est encore le désert, il fait grand beau et jamis goutte n'y tombe.
Quel limite brutale, c'est incroyable.
Pour les photos du Cerro Torre et du Fitzroy, on en postera plus tard si la météo le veut bien car pour l'instant,
les "monstres" sont reclus dans leur nids de nuages.
Fitz Roy & Cerro Torre... Les plus belles montagnes du monde ? (posté le 12.03.2012)
Peut-être bien...
S'il est difficile d'attribuer le prix de la plus belle montagne du monde, il faut reconnaître
que l'ensemble du massif est impressionnant. Cerro Torre, Pointe Egger, aiguille de Saint-Exupéry, Aiguille Poincenot,
et Fitz Roy forment un ensemble de toute grande classe.
El Chalten, dans le Parc National de Los Glaciares se dit la "capitale nationale du trekking", et c'est bien vrai !
Les montagnes de mes rêves sont là, quelques part dans les nuages, fidèles à leur réputation.
Ici, plus que nulle part ailleur, "la patience est la mère des vertues". Attendre la fenêtre météo favorable et Go !
Nous attendons donc le créneau météo "moins pire" et partons 2 fois en rando. Pour 4 jours, puis 3 jours.
Notre première rando nous mène au pied du Fitz Roy, la pièce maîtresse du massif.
La météo est capricieuse, et il
nous faut attendre le 3 ème jour pour enfin voir la bête se dévoiler et laisser tomber sont manteau de nuages.
Entre temps, nous explorons les vallées et petits lacs à ses pieds... El Glaciar Piedras Blancas, La Laguna Sucia, et
Los del Tres bien sûr.
Nous montons à l'aveugle à travers forêts tourbières et éboulis, entre de gros blocs posés là par les glaciers,
jusqu'au glacier Piedras Blancas.
Puis, nous continuons en direction de la Laguna Sucia. Il est 18h00. Le vent
décoiffe, il neige en raffales. L'ambiance est sublime.
Nous avons établi notre camp de base au Camp Poincenot, du nom d'un des membres de la première expedition
du Fitz Roy qui mourru noyé dans la rivière suite à un épisode obscure...
Les nuits sont magiques (comme les journées d'ailleurs), le vent diabolique rugit, gronde, secoue les tentes de sa main
puissante et fait parfois tomber les loulous. Nous cheminons en titubant...
Soudain, le miracle survient au matin du 4ème jour. Pas un brin de vent, il fait tellement chaud toute la journée
que l'on peux même se mettre en T-shirt.
Un groupe de belges sur le retour nous refile ses restes de nourriture, ce qui nous permet de faire durer la chose
un jour de plus.
La nourriture épuisée, Nous redescendons à EL Chalten via le Rio Fitz Roy et retrouvons au camping nos amis Doris, Christophe et Diana (Gilles est en rando).
Assado, Pizza au feux de bois. Comme d'habitude, après l'effort, le réconfort :)
Deux jours plus tard, la météo est avec nous. Prévisions : Beau, chaud et sans vent pour au moins un jour et demi. Aussi sec, on remonte
avec 3-4 jours de bouffe dans les sacs à dos, admirer le Cerro Torre !
Si le Fitz Roy est la montagne la plus mythique, historiquement parlant, le Cerro Torre est sans contest la plus
"pointue" et le plus beau trophé de chasse pour les alpinistes en quête de sensations fortes.
Repos au camp de base De Angostini
Et maintenant, cape sur la Carretera Australe.
On vous donnera des nouvelles de la traversée via le Lago O Higgins. :) Si on a pu trouver un bateau...
Et pour finir, un petit apperçu video du trek au Fitz Roy et Cerro Torre.
Jean-Baptiste Charcot « Le Français au Pôle Sud » :
"D’où vient cette étrange attirance de ces régions polaires, si puissante, si tenace, qu’après en être revenu on oublie les fatigues, morales et physiques pour ne songer qu’à retourner vers elles ? D’où vient le charme inouï de ces contrées pourtant désertes et terrifiantes ? Est-ce le plaisir de l’inconnu, la griserie de la lutte et de l’effort pour y parvenir et y vivre, l’orgueil de tenter et de faire ce que d’autres ne font pas, la douceur d’être loin des petitesses et des mesquineries ? Un peu de tout cela, mais autre chose aussi."